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Photo du rédacteurPierre REYTIER

Avant le coronavirus, 300 ans d'histoire des crises financières


Monnaie

Il y a pile trois siècles, le système de Law volait en éclat en France. Quelque 200 ans plus tard, c'est la crise de 1929 qui menait le monde au bord de la faillite. Grande Dépression, tulipomanie, subprime : voici les enseignements à tirer de ces krachs du passé pour mieux appréhender les conséquences de la crise du coronavirus. Une crise est, pour Littré, une phase très hasardeuse. Or, depuis des millénaires, le monde est secoué, à certains moments, par divers cycles régulièrement alarmants et périlleux. Souvent avec des implications économiques, financières et sociales qui bouleversent les sociétés en place. L’humanité est donc condamnée à vivre et à progresser à travers différents types de ruptures d’équilibre. Cela, avec des troubles complexes qui perturbent l’ensemble des domaines des sociétés. La crise actuelle du coronavirus est ainsi l’héritière de récentes calamités déclenchées par un virus ayant de multiples implications. On pense, par similitude, aux effets néfastes de la variole ou de la grippe par exemple. Mais aussi d’un rétrovirus comme le VIH, un coronavirus comme ceux responsables du SRAS ou de la pandémie actuelle. On peut évoquer aussi un bacille comme ceux responsables de la peste, du choléra ou de la tuberculose. Tous ont provoqué des perturbations économiques et autres les plus diverses. 2020 : une pandémie intense La nouvelle pandémie dont la planète subit aujourd’hui les effets est d’une rare intensité. Sa propagation est décuplée par la transformation de l’ancien monde en un seul et même village. En terme de victimes, il est fort probable que leur nombre sera incomparablement plus faible que celles de la peste noire du milieu du XIVe siècle qui tua près de 50% de la population de l’Europe ou de la grippe espagnole qui fit entre 50 et 100 millions de morts. Mais ses effets sur l’économie et les finances des États sont d’ores et déjà dévastateurs. Le confinement, choisi par les différents gouvernements pour endiguer les contaminations afin de conserver l’efficacité des systèmes de santé et ainsi sauver des vies, a déjà et aura un impact toxique sur l’économie mondiale. La crise sanitaire est donc, dans les faits et avant tout une crise économique et financière, de l’ordre de ses grandes devancières telles l’effondrement du système de Law en France sous la Régence ou bien évidemment la grande crise de 1929 qui ravagea le monde entier jusqu’au début de la Seconde Guerre mondiale. Aux plans économique et financier, l’agent déclenchant est finalement de peu d’importance. C’aurait pu être une destruction des cultures vivrières par un champignon, une pollution liée à un accident nucléaire, une guerre ou tout autre facteur de cataclysme. Il est rassurant d’observer que l’homme a traversé ces crises pendant lesquelles il a parfois cru à son anéantissement. Plus ou moins bien, avec plus ou moins de dommages. Mais enfin, il s’en est, comme on le dit communément, toujours tiré.

Mieux, il apprend des crises. Ce qui est un atout, même si chaque crise présente des caractéristiques nouvelles et donc, par conséquent, surprenantes, au vrai sens du terme. Mieux encore, beaucoup de crises ont eu, par le passé, d’heureuses conséquences.

Ainsi, bien que les crises majeures soient, par construction, inattendues et imprévisibles, apprendre du passé les moyens d’en diminuer la létalité économique est un impérieux devoir.


L’enseignement de 1929


À tout seigneur tout honneur, la crise de 1929 est une mine d’enseignements dont la plupart ont été tirés. Mais, malheureusement, pas tous. Le jeudi 24 octobre 1929, la cote des valeurs à la bourse de New-York s’effondre avant de se redresser sous l’action des établissements financiers mais le lundi suivant, le «lundi noir», le Dow Jones perd plus de 13 %.


C’est le début de la Grande Dépression. Alors que l’économie étasunienne était florissante malgré un fléchissement en 1929, alors qu’en France on vit encore les «années folles», la croissance mondiale s’effondre très vite pour faire place à une sévère récession.

Comment en est-on arrivé là, au cœur financier d’un pays devenu après la Grande Guerre le plus puissant du monde ?


La question reste et restera probablement longtemps encore l’objet de byzantines querelles entre monétaristes, keynésiens, marxistes, classiques et autres membres de chapelles économiques.


Pourtant le scénario est clair


En ces années 1920, sauf en Allemagne, le vaincu de 1918, l’industrie tourne à plein régime, les affaires sont prospères, les profits des entreprises augmentent plus vite que les salaires, ce qui poussent leurs cours de bourse à la hausse.


Dès lors la bourse ne se soucie plus de l’économie réelle qui ralentit en cette année 1929. Elle monte car la spéculation, ou plus précisément l’agiotage, règne désormais à Wall Street.

Les affairistes ne cessent d’acheter, persuadés qu’ils ont le pouvoir de revendre à court terme avec une plus-value. Mais, là est le premier nœud du krach et donc de la crise, ces spéculateurs se sont endettés pour acheter des titres.


Source du graphique : Nortia


Dès lors, la suite est presque inévitable, au moins dans sa première période : le coup de semonce du jeudi 24 octobre entraîne des prises de bénéfices. Celles-ci font chuter les cours. Les appels de marges sont inévitables, ce qui alimente les ventes. Ce qui conduit à instiller la panique chez les actionnaires qui n’ont dès lors que le souci de liquider leurs positions.


Crédits en folie


L’endettement exagéré des spéculateurs en mène beaucoup à la ruine et certains au suicide. À ce moment, trois éléments funestes se conjuguent. La psychose s’empare des Américains qui restreignent leurs dépenses.


La bourse se met en chute libre car la confiance a là aussi disparue et surtout les banques affectées par les défaillances de leurs clients réduisent voire ferment le robinet du crédit. Certaines font faillite. Automatiquement, la baisse des crédits dans une économie qui en vivait aboutit à la fermeture des entreprises et des usines, au chômage de millions de travailleurs.


Les banques, étant incapables de recouvrer leurs créances, baissent le rideau. C’est là le deuxième nœud de la crise. L’économie américaine est en lambeaux avec son cortège de misères que Steinbeck a décrit dans Les raisins de la colère magistralement mis en images par John Ford dans le film au même titre.


L’aventure de l’argent


Aujourd’hui, il est facile de constater que c’est bien l’asphyxie de l’économie des États-Unis par la restriction des crédits qui a été la cause de la gravité de la Grande Dépression.

À ce propos, on peut évoquer la figure d’André Kostolany, grand boursier s’il en fut, l’un des rares à gagner une petite fortune à l’occasion du krach de 1929 parce qu’il était vendeur à découvert.


Dans l’un de ses livres, L’aventure de l’argent, il défend l’idée selon laquelle l’économie d’un pays est pleine expansion lorsque deux facteurs s’additionnent : la psychologie et l’argent. Lorsque l’un de ces deux éléments fait défaut, la tendance est moins soutenue.


Mais que les deux disparaissent simultanément est synonyme de grandes difficultés économiques. C’est une telle disparition qui a surdimensionné la crise de 1929. Bien sûr, le moral des agents économiques n’aurait pas manqué d’être sévèrement atteint. Mais l’accès au crédit aurait vraisemblablement permis d’éviter la catastrophe et de remettre, progressivement mais assez vite, l’économie américaine sur une bonne trajectoire.


Cela dit, il faut se rappeler que les États-Unis sont une fédération d’États. Au surplus marquée par une idéologie libérale, qui, à l’époque, n’a pas su réagir comme il aurait fallu. La bonne idéologie est celle qui doit être mise sous le boisseau lorsqu’il apparaît que des mesures non conformes à l’orthodoxie doivent impérativement être prises et mises en œuvre.


Telle est la grande leçon que l’on peut tirer de la crise de 1929. Les pouvoirs politiques, économiques et monétaires auraient dû éviter à tout prix l’assèchement des liquidités. Leçon mal apprise par certains ou pas suffisamment digérée.


En effet, presque un siècle plus tard, le Trésor américain n’en a pas tenu compte en laissant chuter la banque Lehman Brothers et en ne se décidant qu’in extremis à renflouer AIG, puis à soutenir le système bancaire dans son ensemble. Cette sorte d’hésitation initiale a considérablement amplifié ce qu’il est convenu d’appeler la crise des subprimes.


Le poids de la dette


Cette calamité singulière a durablement affecté l’économie mondiale. Elle résulte de la conjonction d’une bulle et de pratiques bancaires aussi pernicieuses qu’incontrôlées. Avant 2007, l’économie américaine, toujours elle, est au beau fixe mais les taux d’intérêt n’ont cessé d’être relevés par la banque centrale, la réserve fédérale ou encore plus communément la Fed.


La bonne tenue de l’économie a poussé de nombreux Américains, notamment parmi les plus modestes, à s’endetter pour acquérir leur résidence principale. Les crédits leur ont été accordés par le système bancaire avec une inconsciente prodigalité. Ce même système s’étant dépêché de s’en débarrasser en les revendant sur le marché. Cela, avec un emballage trompeur sans que les agences de rating n’aient alertés les investisseurs.


En pratique, le mécanisme en huit points est presque identique à celui de la crise de 1929 :

1- une économie en bonne forme,

2 - des conditions de prêts outrageusement généreuses,

3 - une baisse substantielle des actifs acquis au moyen de ces mêmes prêts,

4- une défaillance des emprunteurs,

5 - la mise sur le marché de ces actifs,

6 - l’effondrement de leur prix,

7 - une défaillance accrue des débiteurs et enfin

8 - des pertes conduisant les banques au dépôt de bilan avec, en corollaire, la diffusion d’une panique dans le milieu des affaires, et au-delà dans toute la population américaine et mondiale.


Crise des suprimes


La crise des subprimes a montré que l’intervention des États et des banques centrales était indispensable pour assurer une liquidité vitale pour l’économie. L’emploi massif de ces deux armes a permis d’éviter un abîme dont le monde s’était dangereusement approché. L’ampleur des moyens mis en œuvre à cette époque a été rendue nécessaire en raison de la défiance marquée par les établissements bancaires les uns envers les autres. ce qui a notamment conduit la Banque centrale européenne à intervenir massivement pour substituer son crédit à celui de banques devenues détentrices de produits toxiques en nombres et en volumes considérables.


À la suite de ce tragique épisode – dont les coupables personnes physiques ne furent pas punis – des mesures furent prises pour solidifier le système bancaire européen et renforcer les moyens d’intervention des autorités. Ce qui est bien. Pour autant, peu de gens se sont avisés que la crise des subprimes était aussi le fait de la taille de ces banques internationales.


Car, bien qu’elles soient dépendantes d’une autorisation de fonctionnement d’un pays, elles défient pratiquement tout contrôle. Or, on ne peut s’y tromper, le gigantisme des grandes banques a été un facteur d’aggravation de la crise de 2007. Et, rien n’a été fait pour remédier à cet état de fait.


Le danger des bulles


Il est vrai que les bonnes résolutions ne durent pas souvent autant que les contributions. C’est ainsi que, de la Grande Dépression, naquit en 1933 le fameux Glass-Steagall Act. Il imposait la séparation des activités de banque de dépôt de celles de banque d’investissement. Cette grande sagesse porta ses fruits pendant soixante six ans.


Mais en 1999, sous la poussée de la concurrence des grandes banques internationales étrangères et de celle des grandes places financières et, en définitive, sous la pression de l’appas du gain, le Glass-Steagall Act fut abrogé sous la présidence Clinton. Avec, peut-être, comme conséquence, la survenue de la crise des subprimes.


On connaît l’aphorisme de Confucius disant que l’expérience est une lanterne attachée dans le dos qui n’éclaire que le chemin parcouru. En matière de crise, on peut avancer que le sage a à moitié tort et à moitié raison. Tort parce que les mesures qui ont été annoncées au cours des derniers jours par le Président et le Gouvernement n’ont pu être dictées que par une prise en compte des erreurs qui avaient été commises lors des crises précédentes.

L’aide massive en faveur des entreprises grâce à la fois aux efforts budgétaires de l’État et aux promesses de crédits bancaires en témoigne de façon éclatante.


En revanche, Confucius a raison car chaque crise d’importance est différente de celles qui l’ont précédée. Les experts ont beau scruter les bulles, elles n’explosent sous leurs yeux qu’exceptionnellement. Les crises éprouvent sans doute un malin plaisir à se jouer des experts.


L’échec de la tulipomanie


Pourtant, les mécanismes de formation des bulles sont presque toujours de même facture. C’est la conséquence d’une surévaluation d’une classe d’actifs qui bénéficient d’un engouement tel que les investisseurs s’empressent de les acheter à des prix déconnectés de la réalité. En prenant le risque de s’endetter pour cela.


On dit que la «tulipomanie» fut la première bulle spéculative de l’histoire. C’est très probablement vrai et faux. Nous sommes au dix-septième siècle et la tulipe est en grande vogue en Europe. Les bulbes de tulipe sont achetés bien avant leur plantation. Ils peuvent donc après achat être revendus plus cher. Et en Hollande, dans les années 1635, les achats sont d’autant plus aisés qu’ils sont payables à terme.


Source du graphique : Nortia


Facilités par ce mécanisme, les prix s’envolent hors de toute raison. Mais, comme c’est toujours le cas, c’est la croyance de la revente avec plus-value qui nourrit la spéculation. Jusqu’au moment où faute de combustible ou parce que la vérité des choses se fait jour, la hausse n’est plus entretenue. Alors, les prix entament un plongeon d’autant plus brutal et plus profond que la montée a été importante.


Bien des spéculations se terminent comme Les habits neufs de l’empereur du conte d’Andersen. Il suffit qu’un innocent, donc quelqu’un moins perverti que les autres, dise tout simplement ce qui est. Par exemple, que l’empereur est nu, pour que les yeux s’ouvrent et que les esprits se déparent de leur égarement. C’est ainsi que finit la tulipomanie. Dont l’on se souvient parce ce que justement, elle fut la première bulle spéculative.


Cependant, pour ce que l’on en sait, les effets collatéraux furent minimes, quelques négociants perdirent de l’argent mais cela resta largement circonscrit à une petite communauté. Pour la meilleure raison que les détenteurs d’oignons étaient également les créanciers !


Depuis lors, les yeux se sont dessillés et les esprits ouverts. Les bulles se forment plus volontiers sur des biens immobiliers, sur des valeurs mobilières mais aussi sur des objets d’art que sur des oignons de tulipes.


Origines des spéculations


Certaines spéculations ne naissent pas d’une passion ou d’un engouement pour tel ou tel actif. Elles peuvent aussi être le résultat d’une martingale comme ce fut le cas dans ce qu’il est convenu d’appeler le krach Oustric. Le banquier Albert Oustric était un affairiste. Parti de rien, il avait constitué dans les années 1920 un petit empire industriel et financier. Mais c’est à la bourse que son génie manipulateur trouva le mieux à s’employer.


La bourse de Paris, à cette époque, n’avait pas encore la profondeur d’aujourd’hui. Loin s’en fallait. Oustric en profitait, il choisissait une valeur et à coups d’achats bien préparés faisait monter le cours tout en assurant une publicité à cette hausse. Lorsqu’il estimait que le soufflé était près de retomber, il liquidait ses positions. Avec bénéfice.


Il tenta l’opération sur l’action Peugeot. Mais elle ne se déroula pas comme prévu et Oustric et surtout son agent de change restèrent «collés» avec un important paquet d’actions du constructeur automobile. Pourtant ce ne sont pas ces manipulations de cours qui provoquèrent la chute du financier mais les pertes que son «empire» essuya après le krach de Wall Street en 1929. S’en mêla un scandale politique typique de ces années-là. Oustric fut condamné par la Cour d’assise à des peines légères. Son agent de change se félicita d’être resté collé avec son paquet de titres Peugeot.


Depuis cette époque, les autorités ont mis en place un certain nombre de mécanismes de protection, à commencer par le délit d’initié. Et, c’est heureux, les manipulations sont désormais réservées à des domaines très limités et ne peuvent plus porter que sur des catégories d’objets peu nombreux. De plus, des organismes de protection des investisseurs ont porté leurs fruits par étapes.


Si les États-Unis paraissent être le pays où débutent les crises financières, monétaires et boursières et la Chine celui où naissent les crises sanitaires, la France n’est pas exempte en cette matière.


La crise immobilière du début des années 1990 est là pour le prouver. La fin de la décennie précédente avait été fructueuse. Il s’ensuivit un attrait exacerbé pour les biens immobiliers attisé par une liquidité élevée. Biens dont les prix commencèrent à grimper. Sous l’effet d’achats irrationnels de marchands de biens auxquels le système bancaire consentait des conditions de crédit extraordinaires.


La bulle éclata lorsque la hausse marqua le pas et que les créanciers demandèrent le remboursement des emprunts. Curieusement, le même phénomène frappa le marché de l’art. Il est amusant d’ailleurs de remarquer que le marché de l’art et celui de l’immobilier sont parallèles et subissent les mêmes crises.


La déroute de Law et les conflits


C’est également en France que se produisit une des plus remarquables crises financières : l’effondrement du système de Law. L’idée de l’Écossais était loin d’être stupide : rembourser la colossale dette laissée par les guerres de Louis XIV avec les profits dégagés par l’aventure coloniale.


Le malheur voulut que la spéculation s’emparât de l’affaire. Des spéculateurs réalisèrent des fortunes énormes. Ce qui attira les agioteurs. Qui firent à leur tour monter exagérément les cours. Les premières mauvaises nouvelles venant des Indes occidentales et la décision de quelques grands seigneurs mieux informés de convertir leurs avoirs en or eut raison de l’aventure. Ceux qui restaient avec le papier de la Compagnie perpétuelles des Indes furent ruinés. La banqueroute entraîna des émeutes qui firent vaciller le pouvoir du Régent Philippe d’Orléans. Elle est fort bien racontée et documentée dans le livre d’Edgar Faure : La Banqueroute de Law.


Si Law dut s’enfuir, chassé par une foule qui lui aurait volontiers fait un mauvais parti. Si son idée ne donna pas les résultats espérés, l’expérience fut précieuse car elle guida l’acclimatation du papier-monnaie et, c’était l’objectif initial, permit de rembourser une partie importante de la dette française au détriment des spéculateurs malchanceux.


Quand on parle de crises économiques et financières, viennent d’abord à l’esprit la crise des années trente, la crise des subprimes et la crise de la tulipe. Pourtant, c’est anormal car les plus grandes crises, celles qui ont réduit des millions de gens à la famine, qui ont poussé des désespérés aux dernières extrémités et jusqu’à l’anthropophagie, qui ont ramené des économies à des dizaines d’années en arrière, ce sont celles qui ont été provoquées par les guerres et la folie des dirigeants.


La France a mis des années après la Seconde Guerre mondiale pour retrouver le niveau atteint par son produit intérieur brut de 1938. Quant à son adversaire, l’Allemagne, presque entièrement détruite par les bombardements alliés, il faut lire La trilogie hambourgeoise de Cay Rademacher pour avoir une idée de la violence de la crise dans les années qui suivirent l’armistice de 1945.Mais il n’est pas besoin des conflits armés pour créer le malheur économique.


Les initiatives de Mao Zedong, le Grand bond en avant et la Révolution culturelle, sont là pour le démontrer dans la famine, le sang et le cannibalisme. Et le Grand Timonier n’est pas le seul de son espèce.


Enseignements


On l’a dit, presque toutes les crises sont riches d’enseignements et tous leurs effets ne sont pas forcément contraires. Celle que nous vivons actuellement est un véritable révélateur des forces et des faiblesses des uns et des autres.


Des pays et des gouvernements en premier lieu mais aussi des simples particuliers. Elle a déjà montré que le fait que la Chine ait été progressivement installée comme l’usine du monde est une erreur parce-que c’est un danger et une perte de souveraineté. Du présent épisode, si noir soit-il, écloront possiblement une réindustrialisation des vieux pays comme la France, une meilleure prise en compte de l’exigence écologiste, un renforcement de la coopération internationale dans de nombreux domaines.


À quelque chose malheur est bon ! Pourtant, les meilleures armes contre les crises ne sont pas celles que l’on déploie après qu’elles se sont déclenchées. Car c’est avant qu’il faut s’y préparer. Certes, il n’est pas facile de se préparer à lutter contre des menaces inconnues autrement qu’en prenant des précautions pour que les fièvres dévastatrices du passé ne se reproduisent ou pour que leurs effets soient amoindris en cas de récidive.


Le renforcement des moyens financiers de l’Union européenne comme la création de l’ONU peuvent être considéré comme de telles mesures préventives. Mais la meilleure attitude ne serait-elle pas de se doter ex-ante des moyens de faire face à tout type de catastrophe initiatrice de crise économique et financière.


Il en est des nations comme des êtres humains. Être riche et en bonne santé est préférable pour faire face à la maladie comme aux autres fléaux. Le devoir des dirigeants d’un pays est de faire celui-ci riche et en bonne santé.


On l’a vu, les crises sont inévitables et on ne connaît ni le type ni l’heure de la suivante. Mais il est paradoxalement impératif de s’en préoccuper. Comme des États l’ont fait pour les guerres. Et la meilleure façon d’ordre général pour ce faire est de construire une économie nationale et européenne forte et dotée de réserves, autrement dit «de munitions». Source : Le Revenu


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